STORY
Je suis
né en Mars. Un mois de mars vraiment froid, il neigeait encore sur Tokyo, et cela embêtait tout le monde. Pourquoi avaient-ils l’air si contrariés par le froid ? C’était scientifique, l’été reviendrait bien un jour. Dans ces conditions, pourquoi perdre son temps à se plaindre, ne valait-il pas mieux attendre ? Ça n’avait pas de sens. Quoi qu’il en soit, ce jour-là, le jour de ma
naissance, je l’ai encore bien en mémoire. Je me suis réveillé sur ce qui ressemblait à un lit d’hôpital. Il faisait frais, les murs étaient d’un blanc immaculé, tout était réellement glacial. On m’a fait asseoir, on m’a parlé longtemps. Etrangement, ça je ne m’en souviens pas. J’étais absorbé par la neige qui tombait dehors. Ces centaines de flocons qui s’amassaient plus bas, sans jamais s’arrêter, sans dévier de leur trajectoire descend. Droits, ordonnés. C’était parfait. J’aime bien regarder la neige. C’est ce que j’ai pensé à ce moment-là. Elle était comme moi, froide, pure, parfaite. Pourtant, la neige avait un défaut. Elle ne disparaissait, inéluctablement. Au bout de quelques jours, la neige a fondu, et la pluie l’a remplacé. On a continué à me parler, à me tester. Les
médecins autour de moi semblaient contents pourtant, ils échangeaient avec excitations dans le couloirs attenant à me chambre. Je ne comprends pas ce qui vous rend heureux. Je ne comprends pas ce qui vous excite. Je ne comprends pas les
sentiments.
A la fin du mois de Mars, on m’a fait sortir, et je suis allé vivre avec celui qu’on disait être mon père. C’était un très vieux monsieur un peu fou. Il ne me parlait pas comme on parle à un enfant, mais plus comme sa chose, sa « création », comme il aimait m’appeler. Bien sûr, les enfants sont toujours la création de leur père, mais la plupart de s’en vantent pas. Ma mère, je ne la connais pas vraiment. Quand je suis sorti, elle était encore à l’hôpital. Papa avait toujours l’air triste quand il parlait d’elle. Il m’emmenait la voir parfois, mais pas trop souvent, parce qu’elle avait toujours des larmes dans les yeux en me voyant. La plupart de temps, il me déposait à l’école et passait sa journée son chevet, puis venait me rechercher à la fin de la journée. On mangeait ensemble dans la cuisine, en silence, il m’embrassait sur le front et m’envoyait au lit, tous les soirs. Après, il travaillait longtemps, sans que je ne sache sur quoi.
Un soir d’août, il n’est pas venu me chercher à l’école. J’ai attendu longtemps devant le portail, attendant de voir apparaître la vieille voiture verte qu’il conduisait. Il faisait vraiment chaud ce soir là, le soleil brûlait l’asphalte au point que les semelles de mes chaussures étaient devenues collantes. J’ai attendu jusqu’à ce que le soleil tombe derrière les gratte-ciels. Quand l’ombre des bâtiments s’est projeté sur moi, j’ai compris que ce soir, il ne viendrait pas. Je me suis levé et je suis rentré tout seul à pied. La porte de la maison était ouverte. Il n’y avait personne à l’intérieur, juste un pot de nouille déshydratée sur la table de la cuisine. J’ai mangé les nouilles en silence. Et je me suis couché, comme tous les soirs.
Vers minuit, un claquement de porte m’a réveillé. Des semelles ont crissés sur le parquet. C’était bizarre. Personne ne rentrait jamais avec ses chaussures dans la maison. J’aurais pu avoir peur, mais je ne comprends pas. Je me suis levé et je suis descendu pied nu. Le rez-de-chaussée était plongé dans le noir, pourtant j’entendais respirer fort, un souffle saccadé, rapide. J’ai allumé la lumière de la cuisine et je suis entré sans un bruit. Mon père était affalé sur la table, le visage enfouie dans ses bras croisés. Je me suis assis en face ce lui et je l’ai fixé jusqu’à ce qu’il relève la tête.
«
Où est Maman ? » J’ai demandé, sans même savoir pourquoi. C’était évident, elle était toujours à l’hôpital, où pourrait-elle être autrement ? Le vieux a semblé troublé aussi, il m’a dévisagé longtemps. J’ai vu que ses yeux étaient mouillés, cernés de violet. Il n’avait pas l’air
heureux.
«
Maman est partie. » A-t-il murmuré en se levant. D’un pas lent, il a contourné la table et a passé ses bras autour de mon cou. Mon père m’a étreint longtemps, très fort, si fort qu’il a fini par me faire mal. Je n’ai pas bougé, je l’ai juste écouté pleurer, j’ai juste sentit ses larmes rouler dans mon cou. Quand il s’est un peu calmé, j’ai passé ma main sur son crâne partiellement dégarni, glissé mes doigts sur sa joue. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai parfois vu les adultes faire ça aux enfants qui pleurent, dans la cour de l’école, alors j’ai essayé, et le vieux m’a dit merci.
«
Je ne comprend pas. »
Après que Maman soit partie, mon père a cessé de venir me chercher à l’école. Il a cessé de travailler le soir, après que je me sois couché. Il regardait juste la télé, et s’endormait devant. Parfois il buvait du rhum. De plus en plus souvent a vrai dire. Quand je partais le matin à l’école, il dormait encore. Quand je revenais le soir, il n’était plus là. Il sortait se promener dans le quartier, sans savoir où il allait. Est-ce qu’il cherchait Maman ? Je ne sais pas. Je mangeais juste tout seul, et je me couchais. Il rentrait après le coucher du soleil, allumait la télévision, buvait, dormait.
J’ai arrêté de l’appeler mon père. Un père, ça aime ses enfants, ça s’en occupe. Dès lors, je l’appelais juste « le vieux ». Il s’en fichait, il ne me répondait jamais. Et puis un matin, il ne s’est pas réveillé. Quand je suis rentré le soir, il était toujours dans le canapé, avachis. La télé tournait encore. C’était une émission de variété, des gens pleuraient de joie devant d’autres personnes qu’on appelait idoles, qui chantaient une chanson en playback, l’air dédaigneux. Cette émission, je l’ai regardé depuis la cuisine, je me suis amusé à fredonner, à essayer de chanter mieux que les interprètes hypocrites qui défilaient devant le public en effervescence. La sonnette de la porte à tinté juste quand le programme se terminait. Le vieux n’a pas bougé. Quand j’ai ouvert, la grosse voisine s’est imposée devant moi, une expression étrange étirait ses joues rebondies.
«
Ai-kun. Où est ton Papa ?
-
Il est parti.-
Comment ça ? » S’est-elle exclamé en forçant le passage pour s’introduire dans la pièce à vivre, je l’ai laissé faire. Elle a contourné le canapé et a poussé un cri d’épouvante. Un long moment, elle a secoué le corps rachitique du vieux.
«
C’est inutile. » J’ai lancé depuis l’autre bout de la pièce. La grosse dame a levé des yeux immenses vers moi. «
Ai… il est…-
Parti. » Ai-je coupé à voix basse.
Quand ils sont venus chercher le corps de celui-ci, je suis resté tout seul dans la maison. La voisine était très fâchée contre moi. Elle n'a cessé de dire que je n’étais qu’un monstre, que je ne pleurais pas, que je m’en moquais. Un homme m’a dit que je n’étais pas obligé de cacher ma douleur. J’ai dit que je n’avais pas mal. Je ne sais pas pleurer. Je ne comprends pas. Ils sont tous partis. Je suis resté tout seul dans la maison jusqu’à ce qu’il arrive. Shining Saotome est un homme étrange. Je ne le connaissais pas, il n’était jamais venu. Pourtant il avait l’air de connaître le vieux, de me connaître moi. Je savais qu’il travaillait dans la chanson, je l’avais vu plein de fois à la télé, et son nom revenait souvent dans les journaux. Il m’a dit qu’il s’occuperait de moi, qu’il m’apprendrait à chanter et à faire de la musique, parce que c’est ce que mon père voulait. J’ai haussé les épaules. Le vieux ne m’avait jamais demandé de chanter, le vieux n’aimait que le silence.
Je me suis mis à chanter. On m’a montré le solfège, on m’a appris à lire les notes. Ça me plaisait. Pour la première fois de ma vie, je n’étais pas parfait. Pour la première fois de ma vie, je devais répéter, encore, encore, mais ça ne marchait pas. C’était douloureux, frustrant, tellement plaisant. Ces sentiments que je méprisais, que je ne pouvais pas comprendre, tout à coup, me submergeaient. J’ai même appris à pleurer, et j’ai compris ce que le vieux avait éprouvé ce soir-là, quand il m’a serré dans ses bras jusqu’à l’aube. J’aimais chanter. A treize ans, on m’a présenté au public, à quatorze, je suis devenu professionnel. Je n’allais plus à l’école, je n’en avais plus besoin. Je savais déjà beaucoup plus de choses que la plupart des garçons de mon âge, et mon temps libre, je le passais à lire tout ce qui me passait entre les mains. Ma tête fourmillait d’informations en permanence. Je ne pouvais supporter la médiocrité et pour atteindre la perfection, je ne devais rien ignorer.
A cette époque, on m’a présenté à trois autres garçons. Ils étaient plus vieux que moi, et chanteur aussi. Tous avaient des défauts, beaucoup de défauts, mais Shining a voulu que nous chantions ensemble. Reiji était un clown, un vrai crétin. Il parlait trop, passait son temps sur mon dos. Je l’ai tout de suite méprisé, évidemment. Ranmaru était un taciturne violent et vulgaire. Camus un prétentieux hypocrite. Le président a formé Quartet Night malgré la désapprobation de chacun d’entre nous, et nous avons fait une chanson, Poison Kiss. Je l’ai aimé, cette chanson, même si l’imperfection des autres m’agaçait, elle sonnait bien, juste. L’expérience ne m’avait pas déplu. Elle aurait dû en rester là. Mais Reiji n’en avait pas décidé ainsi, et Saotome non plus. L’année suivante, un groupe de jeunes idoles fraîchement diplômées de Saotome a intégré le Cours Master, et nous avons été désignés pour être leurs sempais. Des jeunes garçons bruyant, envahissant, bourré de défauts, mais qui, j’ai bien du finir par l’avouer, avaient du cœur au ventre.
Mon prénom veut dire amour, pourtant il s'écrit comme indigo. A. I. J'aurais préféré l'écrire comme amour. Ce concept me fascine presque autant que la musique. J'ai beau y penser, encore et encore, je ne parviens pas à l'assimiler. L'amour n'est pas scientifique, je n'arrive pas à l'appendre. C'est frustrant, épuisant. Quartet Night est demeuré. Mon secret aussi s’est un peu éventé. Moi aussi, je suis imparfait, il m’arrive de défaillir. Comme tout les enfants, après tout. Un jour de Mars, des années après ma
naissance, il a neigé. Ce jour blanc de mars, je suis allé sur la sépulture de mes parents, je me suis assis en tailleur de la tombe, et j’ai chanté pour ma mère que je n’ai jamais trop vue, et pour mon vieux qui aimait le silence. Je leur ai dit merci pour tout, et quand le soleil s’est couché, et je suis parti en leur disant bonne nuit.
PSYCHOLOGIE
Calme – Ai ne s’énerve jamais et est d’une tranquillité déconcertante. Le fait est qu’il n’aime pas parler. D’ailleurs, il apprécie beaucoup la compagnie des personnes silencieuses (les bavards l’ennuient, particulièrement ceux qui parlent pour ne rien dire).
Travailleur – L’objectif principal d’Ai est d’atteindre la perfection dans tout ce qu’il entreprend, et une chose est sûre, il se donnera toujours les moyens d’obtenir ce qu’il veut.
Curieux – La principale activité d’Ai est de potasser des livres, des dossiers, des encyclopédies, et d’en apprendre le plus possible. Sa mémoire est excellente et il retient presque tout ce qu’il lit.
Geek – Ai adore la technologie et les ordinateur. L’une de ses nouvelles passions est de jouer à des jeux en lignes jusque tard dans la nuit.
Egoïste – Il se préoccupe bien peu de savoir si Natsuki et Syo sont dérangés par ses activités nocturnes (voir ci-dessus).
Solitaire – Ai déteste travailler en groupe, il considère qu’il est plus efficace seul et que la compagnie le distrait plus qu’elle ne l’aide.
Intolérante – Il se considère comme parfait, ou du moins proche de l’être, et tolère difficilement d’être tiré vers le bas par des camarades moins doués que lui.
Taciturne – Il n’exprime presque jamais ses sentiments.
Naïf – Il comprend difficilement les concepts les plus compliqués et ne sait pas lire en les autres. De ce fait, il est très facile de lui mentir.
Honnête/direct – Il dit ce qu’il pense sans faire de détour.
Rigide – Sa pensée est scientifique, il ne laisse rien au hasard et va droit au but. Il a un emploi du temps réglé à la minute près et ne supporte par l’imprévu.
Strict – Il attend de ses élèves qu’ils soient ponctuels et discipliné. Une chose est sûre, il leur mènera la vie dure, mais n’aura que plus de respect pour ceux qui s’accrocheront malgré tout.
Familier – Ai met assez peu de distance entre lui et les gens. Il appelle tout le monde par son prénom, peu importe de qui il s’agit.
Moqueur – Il se plait à taquiner ses camarades et à les remettre à leur place.
Entêté – Ai n’a qu’une idée à la fois et n’en démordra pas tant qu’il ne sera pas arrivé à ses fins.