Ren se promenait, seul et pensif. Ça devenait une manie en ce moment, lui qui emmenait toujours au moins une demoiselle avec lui pour se balader. C'était peut-être sa période de réflexion intérieure. Quoi qu'il en soit, il avait cette fois atterit devant le parc Yoyogi. Il en remerciait son instinct puisque la journée était magnifique et que la balade serait agréable. C'était un bel après-midi de samedi, et il avait quitté l'académie Saotome sur un coup de tête, en uniforme - si l'on pouvait dire, puisqu'il ne portait jamais la veste et relâchait beaucoup trop sa chemise - et avec ses affaires, qu'il portait d'un doigt sur son épaule.
Le jeune Jinguji s'engagea sur un chemin au hasard, croisant des couples, des groupes d'amis.. Certains le reconnaissaient et se mettaient à chuchoter précipitamment sur son passage, mais Ren ne s'arrêta pas pour leur laisser le temps de venir le voir. D'autant que la plupart ne le connaissait pas pour sa musique mais plutôt de part sa famille ou d'un magazine de mode. Il n'avait pas vraiment envie de parler pour l'instant. Il envisageait de quitter le parc pour trouver un endroit moins fréquenté lorsqu'il perçut une mélodie, assez lointaine, sans doute portée par le vent. Curieux, il se mit à marcher en direction de la source du son. Quelques minutes plus tard, il apercevait à l'autre bout du sentier une jeune fille, installée sur un banc avec sa guitare.
Le fait que quelqu'un joue de la musique était, en soi, une raison suffisante de l'aborder, mais, en se rapprochant, il en trouva d'autres : d'abord il connaissait la chanson, ensuite elle était vraiment bien jouée, et pour finir la demoiselle était très mignonne. Il s'arrêta à quelques mètres d'elle pour chantonner les dernières paroles puis, à la fin de la chanson, s'approcha davantage du banc.

- Tu te débrouilles bien, commenta-t-il avec un sourire en coin.

Alors qu'il l'observait, il remarqua avec surprise qu'elle portait également l'uniforme Saotome.

- Tiens, tu fais partie de l'académie ? Étrange que je ne me souvienne pas d'un visage pareil, ajouta-t-il alors avec un léger clin d'oeil.

Sur les dernières notes de la chanson une voix masculine vient se joindre à la mienne. Une voix vraiment mature très agréable à entendre. Je relève la tête pour regarder la provenance des notes sans cesser de gratter les cordes de ma guitare que je connaissais par cœur. En tout cas on pouvait dire que les cordes vocales étaient bien accompagnées. Un physique tout à fait charmeur en prime. Grand, blond, les cheveux longs, un sourire charmeur en coin. On devinait un corps bien  bâtit et musclé sous son uniforme de Saotome. Je le connaissais. Il n’était pas étudiant mais membre du cours master. Ce qui lui permettait de draguer les jolies étudiantes. Ren. Une réputation qui n’était plus à faire sur le campus ou dans la haute société. Mes parents connaissaient les siens. Le milieu est petit.
« Tu te débrouilles bien, me lança-t-il avant de jeter un œil à mon blazer. Tiens, tu fais partie de l'académie ? Étrange que je ne me souvienne pas d'un visage pareil, ajouta-t-il alors avec un léger clin d'œil. »
Je savais qu’il était réputé pour dragueur tout ce qui porte jupe mais je ne pus m’empêcher de sourire et de répondre par une œillade maligne.
«  Probablement trop occupé à flirté avec la bibliothécaire, dis-je. »
Pas agressive du tout, sur le ton de la plaisanterie, avec une expression du visage qui malgré moi laissait voir un intérêt particulier pour le nouveau venu.  Je posais l’étui de la guitare sous le banc pour faire de la place, avant de lui demander poliment s’il voulait s’assoir.

La demoiselle parut le reconnaître, pour la plus grande satisfaction du jeune homme. Elle lui sembla tout de suite amicale, lui lançant un clin d'oeil comme il avait l'habitude de les faire et répondant sur le ton de la plaisanterie. L'humour était une qualité essentielle et qui se faisait pourtant rare chez la gente féminine, ou peut-être était-ce simplement dû à sa présence. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas désagréable de parler avec quelqu'un qui ne perdait pas ses moyens face à lui. La remarque le fit doucement rire et il leva les mains en signe de reddition.
Il accepta de bonne grâce de s'asseoir à ses côtés, repliant un genoux, un bras passé par-dessus le dossier du banc pour pouvoir faire face à la demoiselle. Il continuait de l'observer, songeur. Oui, c'était vraiment étonnant qu'il ne l'ait jamais croisée, il s'en serait souvenu. Un visage harmonieux, de longs cheveux blonds.. une jolie musicienne en somme. Et qui joue du Hendrix qui plus est.

- Et à qui ai-je l'honneur ? s'enquit-il avec intérêt, n'estimant pas utile de se présenter.

Le jeune homme s'assit, un jambe replié sous lui un bras sur le dossier tourné vers moi. Toujours très sûre de lui. Il me détaille de ses yeux charmeurs. Il me fixe avec un intérêt presque gênant. Je dois me retenir pour ne pas détourner le regard et pour ne pas rougir. Toujours confiante au moins à l'extérieure. Ne jamais se laisser déstabilisé surtout pas par un Don Juan comme Ren. Il était sympa et charismatique mais non, non et non. Pas question que je m'ajoute à son Harem d'écervelées en furies.

-Et à qui ai-je l'honneur ?

Sans cesser de me regarder, on aurait dit qu'il chercher à s'introduire dans ma tête. C'était à déconcertant. Calme, paix intérieure... Je garde mon sourire chaleureux et amicale et d'un voix tout à fait pausé je lui réponds.

- Amako, Amako Shimizu, étudiante de classe S. Mais tu n'es plus étudiant, tu fais parti du cours master non ? Demandais-je ensuite.

Et nouille, nouille, nouille. Qu'est ce qu'il va penser ? Que je m'intéresse à... lui ? Je sais ce qu'il fait parti du cours, master, son nom. Non il sait très bien que les gens le connaissent. Je suis une fille, je ne suis pas associable, donc je discute, j'entend les rumeurs, plus ou moins pertinentes, de groupies également. Faut pas m'y classer pour autant loin de là. Ce qui pourrait être mal interprété c'est le "Mais tu n'es plus étudiant". Qui aurait pu faire un rapprochement avec le "pas de règle de non romance". Enfin non personne n'a un esprit aussi tordu. J'ai tendance à faire trop d'association d'idée. Par exemple tu me dis orange je peux t'associer ça à lapin parce que j'ai fais du orange : carotte : lapin. Argh bon stop arrête de penser. Franchement si on savait ce qui se passait dans ta tête ma p'tite ça en ferait fuir plus d'un. Une attardé, doublé d'une hyperactive perverse et psychopathe. Mwouai t'as l'air innocente comme ça, et seine d'esprit aussi...

La demoiselle semblait mettre un point d'honneur à ne pas détourner le regard du sien alors qu'il l'observait, et ce léger détail l'amusa. En fait, elle gardait un air parfaitement impassible, mais Ren aurait beaucoup aimé savoir ce qu'il pouvait se passer dans sa tête. Ce n'était pas si courant que les filles gardaient leur sang-froid face à lui.

- Amako, Amako Shimizu, étudiante de classe S. Mais tu n'es plus étudiant, tu fais partie du cours master non ?

La jeune blonde parut regretter ses mots au moment où ils franchirent ses lèvres, ce qui fit sourire le Jinguji. Shimizu, non ça ne lui disait rien sur le moment. Elle venait donc d'arriver à l'académie, et était intégrée en classe S. Pas mal. Comme lui à son arrivée à l'académie Saotome, bien qu'il n'ait pas passé beaucoup de temps en cours, plus intéressé par ses flâneries. Ren hocha la tête pour répondre à la question.

- C'est ça, cela dit je consacre plus de temps à Starish qu'au cours master.

La faute surtout à son sempai Ranmaru, toujours d'une humeur exécrable, qui ne faisait pas grand chose pour les intéresser à ses leçons. Évidement son binôme, Masato, ne manquait jamais un cours, lui en revanche... De toute façon, ils s'en portaient tous les deux bien mieux ainsi.

- Tu comptes y entrer après cette année ? s'enquit-il avec curiosité, reportant son attention sur la demoiselle.