Le soleil crépusculaire éclaire la ville de ses derniers rayons, emportant avec lui un peu de la chaleur qu’il nous avait offerte aujourd’hui. Un cadeau empoisonné ? Certains diront que oui, d’autres que non. C’est pareil pour tout : il y a des gens pour et des gens contre.

Hissé sur la selle de mon vélo, je me dirigeais chez moi. Le vacarme de la ville m'était insupportable mais je ne pouvais rien y faire. Mes yeux sont bels et biens ouverts et écarquillés, le soleil illuminant mes douces pupilles jaunâtres. Je pédalais en regardant autour de moi, le paysage défile et se ressemble. J'avais horreur de ça. Mon professeur de danse était absent aujourd'hui, je pouvais rentrer plus tôt à la maison. Les rues étaient remplies de personnes, toutes aussi différentes les unes que les autres. Je passais ma main dans ma chevelure, légèrement décoiffée par l'agréable brise qui soufflait pendant que je pédalais.

Je freinais sèchement sur les pavés de la rue près du passage piéton. Le feu était rouge. Deux jeunes filles me fixaient et je ne pus m'empêcher de leur adresser un joli sourire, leurs pommettes avaient pris une teinte rosée et elles riaient entre elles. Je vois que ma capacité à séduire les jeunes femmes était encore au niveau. Heureux de voir que mon charme opérait. Le feu devient vert : la masse se déplace d’un bloc et traverse le long passage piéton. Je continuais ma route en roulant un peu plus doucement, en sifflotant, prenant soin de ne pas bousculer quelques passants.

Arrivant près de l'immeuble où se trouvait notre appartement, je descendais de la selle de ma bicyclette pour ensuite le sécuriser près de la porte de l'immeuble. Je levais les yeux vers la porte d'entrée en soupirant. Cette journée m'avait légèrement épuisé. Montant les escaliers posément, mon visage était devenu neutre, aucun trait n'était tiré ou même légèrement tiré. Il n'y avait personne dans les escaliers, je n'avais pas besoin de me montrer aimable.

Soulagé d'être enfin chez moi, je lâchais un long soupir pour ensuite ouvrir la porte. Je me dépêchais de me débarrasser de mes chaussures devant la porte d'entrée puis je regardais autour de moi.

« Hide-chan ? T'es là ? »

Je balançais mon manteau sur la chaise puis je me dirigeais vers le couloir de l'appartement. J'étais à présent devant la porte de la chambre d'Hideo, j'hésitais à entrer. Peut-être qu'il dormait ? Je toquais en prononçant toujours son prénom d'un ton amusé et en souriant. Ça me faisait toujours chaud au cœur de voir que j'avais encore un ami sur qui compter.

Un cri. Hideo lâcha un cri empli de douleur, j'hésitais encore à entrer. Il était peut-être occupé ou même en train de dormir. Dès que j'entendis son signal, j'ouvrais la porte brusquement et j'allumais la lumière. Il était debout près de la fenêtre, tenant le rideau dans sa main. La commode était à quelques centimètres de lui, il n'y avait aucun doute, il a du se faire mal avec cette fichue commode.

« Hide-chan ! Tu vas bien ?! »

Je savais qu'il n'allait pas bien, alors pourquoi je lui posais cette question stupide ? Le genre humain, sûrement. Mes yeux essayent de fixer quelque chose autour de moi. Je n’arrête pas de me dire qu'il n'est pas normal, qu’il faut qu'il aille consulter. Car quoique je puisse en dire, Hideo ne m'écoutera jamais. J’aimerai lui dire que je me souciais de lui, qu'il devait sûrement prendre une pause dans sa carrière mais je ne pouvais pas. Depuis petit, il adore la musique alors pourquoi moi, j'essayais de lui enlever ça ? Je n'en sais rien.

Je voulais l'aider à aller mieux parce que même s'il le cachait, je le voyais, je le ressentais. Je suis obligé d'encaisser. Je ne peux pas laisser mon meilleur ami dans ce genre de situations mais j'étais bien plus jeune que lui. Il avait peut-être ses raisons comme moi j'ai les miennes de continuer ma carrière. Je le fixais et je ne savais pas quoi dire d'autre, je voulais l'enlacer dans mes bras et le rassurer mais je ne pouvais rien y faire. Je suis totalement impuissant et ça me mettait en rogne. J'étais son ami, non ? Alors pourquoi j'hésitais ?

« Tu devrais prendre une pause pendant quelques jours. Même si tu essayes de le dissimuler, je sais que tu vas mal. »

J'avançais vers lui en continuant de le fixer, les prunelles entrouvertes. Je m'asseyais ensuite sur son lit en soupirant. Quand je le regardais, je voulais savoir ce qui se cachait derrière cette longue chevelure blonde. Même si j'avais déjà vu ses yeux quand j'étais plus juvénile, je me demandais pourquoi il les occultait. Hideo est un très beau garçon et personne ne peut dire le contraire. Je lui souriais en penchant ma tête sur le côté puis je me couchais sur le lit, en fixant le plafond.

« On devrait aller prendre un peu l'air... Nos petites balades me manquent. »