Le jour se coucha avec une lenteur doucereuse pour vouloir laisser l’astre de la nuit prendre sa place et devenir reine. Mais pour l’heure, la teinte orangée surplombait la ville et briller avec magnificence dans le ciel. Il y avait quelque chose dans cet autre tableau de particulièrement singulier. Les rues se délaissent lentement de leur agitation habituelle. Dans une de ces nombreuses ruelles, artères désertées serpentant au cœur des quartiers résidentiels, une petite silhouette solitaire progresse tranquillement, les semelles de ses chaussures battant le pavé dans un claquement régulier.

L'air pensif, regard fixé sur le trottoir, le jeune garçon donnait l'impression d'être à mille lieux de là, perdue dans ses pensées. Ce n’était cependant pas l’état habituel de petit brun, son regard pénétrant éternellement caché derrière sa tigrasse brune, mais sa grande pupille azurée ne perdaient pas une miette de ce qui se tramait dans son environnement. Il avait découvert tant de choses, tant de secrets et de belles découvertes que l'idée de vivre dans l'ignorance lui paraissait à présent totalement incongrue. Le pourquoi de ses décisions le laissait parfois perplexe, mais le jeune garçon ressentait comme de drôle de dualité lorsqu'il repensait à ses événements.

Il fait beau. La teinte crépusculaire se reflétait sur les vitres et le petit Yukito était là dehors, sous un des grands arbres fleuris. Les feuilles cache à peine la noirceur de la nuit qui arrive avec lenteur, se faisant presque attendre, filtre à peine les pétales qui s'écoulent des arbres fleurissant. Il ne sait pas trop comment il est arrivé là, mais il est au moins sûr qu’il y est bien. Pourtant, malgré la beauté du paysage, la fraicheur est au rendez-vous. Il grelotte un peu, ou presque pas. Ses mains sont froides. Tout est froid ici. Même le vent, même l'odeur de l'hiver qui s’en va.

Sauf lui, là-haut. Au fond, il s'en fiche un peu, il n'y pense même pas. Ses doigts ont beau être endoloris par la morsure du froid, il est là et c'est tout. Paumé certes, mais bien là. Ou peut-être pas, après tout. Il relève finalement les yeux. Beaucoup de pétales encombraient ses yeux. Ses cils battaient, papillonnaient, mais rien n’y faisait, les pétales étaient toujours là. Alors il essayait d’entrevoir le paysage qui l’entourait malgré ces pétales.

Il savait où il était. Il n’avait pas bougé depuis un moment, mais il voulait tout de même vérifier. Comme par prudence, comme s’il redoutait que quelque chose ne soit venu se déplacer d’endroit simplement parce qu’il n’était pas comme les autres. La figure du petit bivouaque. Il est temps de rentrer. Un petit soupire et le corps se tourne, les pas acheminent vers un autre lieu. Sauf que…il a beau marcher, quelque chose semble le retenir. La petite tête se voit penaud. Il est accroché et n’arrive vraisemblablement pas à se défaire de cette contrainte.

« Mais pourquoi ? »

Ton exaspéré, il n’a pas assez de force pour s’en dépêtrer. Malchanceux. C'est que même s'il avait à moitié conscience de ses maux, il avait peur de ce qu’il allait se passer s’il n’arrivait pas à se défaire de cette emprise. C’est vraiment problématique. Et beaucoup trop soudain. Un nouveau soupir gagne ses lèvres.

« Besoin d’aide ? »

Paroles prononcées dans son dos. L’échine se redresse aussi rapidement qu’un piquet, pris de peur. Surprise quand tu nous tiens. Le petit corps fait un virage et se poste devant la silhouette. La pupille clair reste vague tandis que les joues sont horriblement rosies. Yukito semble gêné. Il tire encore vers sa manche coincé, offrant un regard empli de gêne à son interlocuteur.

« Hum…oui, je n’arrive pas à me détacher, un peu d’aide serait bien, s’il vous plait. »

Voix quelque peu tremblotante et gêné. Le petit brun semble avoir quelque peu honte de se retrouver dans une situation pareil, et d’être aperçu en plus de cela.

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« Et voilà ! »

« Libéré, délivréééééééé » cacophonie cinglante hurlant au creux de ses tympans, bourdonnant dans son crâne sans vouloir s’arrêter. Mais ainsi préférait-il cette chanson à l’autre partie de lui qui lui insufflait honte et gêne à le faire rougir. Ce qu’il fit bien évidemment. Joues teintés d’un rouge pâle, il offrit un sourire chaleureux et empli de gratitude à la jeune fille.

«   Merci beaucoup de m’avoir aidé. Ce n’est pas vraiment glorieux comme situation. »

Léger rire d’enfant. Ses doigts sont encore endoloris par la morsure du froid, mais il ne semble pas s’en rendre compte. Il est juste bien, enfin avant, maintenant, c’est une autre histoire. Jetant son regard fixe sur la jeune fille, la curiosité prend le pas sur la gêne occasionné il n’y a même pas quelques minutes.

« Qu’est-ce que vous faites ici à cette heure ? »

Hoi, ça va, il n’est pas assez indiscret et mal poli sur les bords ? Sans doute que sa spontanéité le perdra un jour. Sans doute en a-t-il déjà payé le prix. Se rendant compte de ses paroles, ils jettent ses mains en avant en les secouant énergiquement, un sourire contraint aux lèvres.

« Désolé désolée, je n’ai pas à le savoir, vous n’avez pas besoin de répondre. »

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Le petit secoue la tête d’un geste vif. Valsant et inconsolable, l’orgueil que possède cet enfant mettra un léger moment afin de s’en remettre convenablement, ce sera comme un pont vers demain et rester en arrière pour combattre ses maux et douleurs. Tout est subjectif, rien ne s’arrête pour cela, il le sait. Les engrenages temporelles continuent alors de tourner, même quand les bûcher internes ont cessés de brûler. Puis, quand le problème semble réglé, il revient au début et les maux perçus s’atténuent. Certaines questions lui brûlent les lèvres, mais les babines resteront clauses pour son propre bien-être et celui de son interlocutrice. Ses pattes acheminent plus près de la silhouette féminine.

« Est-ce que vous voulez de l’aide ? Même si je pense que vous n’avez pas réellement besoin de moi. »

Et puis, son apparat ne prononce qu’un seul verdict qui lui est irrévocablement fatal : frêle. Il ne le prendra aucunement mal de se faire rembarrer, il est un habitué, mais il n’a rien à faire en cette soirée et aider et discuter ne le dérange vraisemblablement pas.


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«  Je veux bien mais j'ai encore dix bonne minutes de marche par là. Je sais pas si tu vois où se trouve Saotome et je voudrais pas t'embarquer à perpette les oies de chez toi. »

Les méninges se creusent afin de juger le pour et le contre. Il n’habite pas excessivement loin de l’endroit énoncé, mais l’heure ne cesse de tourner et le soleil se baisse lentement. Bientôt, le crépuscule sera remplacé par l’astre lunaire. La dépendance est intégrée dans la condition humaine, souvent, cela vient sous la forme d’émotion. Il motive à l’action d’apprendre et de devenir une meilleure personne, et nourrir un désir insatiable. Neurone provoqué par une stimulation émotionnelle et mentale. Sans doute que Yukito souhaite être serviable, mais la raison prend le pas sur l’instinct ou même le cœur. Il hoche la tête en signe de compréhension.

« Est-ce que je peux faire un bout de chemin alors ? Je vais dans la même direction, mais je m’arrête avant. »

Ce n’est qu’une supposition, mais être en compagnie ou même seule ne semble pas lui poser de problème. Il attend alors patiemment la réponse de son interlocutrice.

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Le jeune Yukito accepta de prendre un des paquets que la jeune fille portait dans sa main droite. D’un geste bien que peu maladroit, il le prit et se mit aux côtés de son interlocutrice. Le chemin n’allait pas durer éternellement, mais face à ce court trajet, le jeune brun ne savait plus réellement quoi alphabétisé. Peut-être étais-ce dû à la fatigue croissante, vraisemblablement il ne savait pas réellement.

Alors celui-ci promena son regard azuré aux alentours d’une œillade distraite. La jeune femme ne semble pas plus prête que lui à disposer de quelques mots et quand bien même les moments comme celui-ci peuvent être reposant, Yukito n’est pas irrévocablement habitué à ce manque de parole, cela lui laissait penser à un côté triste. Ils arrivèrent plus rapidement que le jeune garçon aurait pensé. Il s’arrêta donc à une intersection et tendit le paquet vers la jeune femme.

« Voilà. Merci pour la route et bonne soirée ! »

Esquisse d’un léger sourire chatoyant, puis les pas se retournent et partent en direction de sa maison. Une nouvelle rencontre, bien qu’il ne connaisse pas son nom. Une prochaine fois, peut-être.

END

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