Mai attendait sagement sa mère, assise sur les marches d'une entrée d'un appartement. Cela faisait maintenant une longue heure que sa maman était censée venir la chercher mais non, elle était en retard, comme toujours après tout. La jeune fille avait passé l'après-midi dans les rues piétonnes du quartier historique Asakusa. Pourquoi était-elle allée là-bas ? Et bien elle y était allée pour justement trouver un cadeau pour l'anniversaire de sa maman. Mai n'avait rien trouvé de très intéressant, elle allait donc rentrer bredouille. Comment sa mère allait-elle réagir lorsqu'elle apprendrait que sa fille ne lui a pas trouvé de cadeau pour sa date de naissance ? La fillette ne préférait même pas l'imaginer. Mai observait les passants qui la regardaient comme si elle était entrain de mendier. Qu'importe, elle avait donné rendez-vous à sa mère ici, et nul part ailleurs, alors elle l'attendrait. Le ciel bleu azur laissa place à un ciel d'encre et menaçant. Un éclair zébra le ciel et une trombe d'eau s'écrasa au sol. Mai bondit et essaya tant bien que mal de se protéger de la pluie, bien trop forte. Bientôt, les gouttes d'eau doublèrent de volume, cachant la vue de la jeune fille. Elle pouvait seulement voir la lumière d'un salon de thé. Elle courut et se réfugia à l'intérieur. Tout de suite, une employée s'occupa de Mai et essaya de lui trouver une table près d'un chauffage, mais malheureusement, toutes les tables étaient prises. La dame lui trouva, enfin, une table disponible, en plus près de la fenêtre ! C'était parfait, d'ici elle pourrait guetter la potentielle arrivée de sa mère. Mai s'installa, enleva son manteau trempé et l'accrocha près du radiateur pour qu'il puisse sécher. Quelques instants après, l'employée qui s'était occupée de placer la fillette revenue vers elle et lui demanda ce qu'elle souhaitait boire. Mai commanda le thé le plus adapté pour les personnes de son âge. En plus de ça, ce thé rentrait facilement dans le budget qu'elle avait ramené pour l'achat du cadeau de sa mère. Mai regardait par la fenêtre et revint de ses pensées lorsqu'on lui apporta le thé. Elle paya directement et commença à boire doucement. Soudain, la porte du salon de thé s'ouvra dans un doux tintement de clochettes. La petite fille tourna la tête et vit une adolescente entrer dans la magasin, elle aussi trempée de chez trempée. Aussitôt, la même employée que Mai accourut vers la nouvelle arrivante et la dirigea vers la table de la fillette. Apparemment il n'y avait plus de table, donc cette personne allait devoir être à celle de Mai. Qu'importe, elle avait l'air très gentille. L'aînée s'installa face à la fillette. Il y eut un silence de plomb puis Mai le cassa de sa voix fluette :

" Salut ! Tu m'as l'air trempé jusqu'aux os. Veux-tu que j'étende ton manteau prés du radiateur, comme le mien ? "

Cette personne était blonde, petite et son style vestimentaire finit par faire hésiter la jeune fille sur le sexe de l'inconnu.

Un jour, je poserais une couronne de glaïeuls tressés sur ta tête, et  tu seras ma princesse

Il pleut. Comme hier, comme avant-hier. Il pleut. Encore. Tokyo est tellement triste sous la pluie, la ville aux mille couleurs me semblent tellement mélancolique. J'aimerais joindre mon chagrin au sien, mais je ne peux pas. La pluie battante éclabousse les trottoirs, les gens se pressent sous leur parapluie. Ils se bousculent, ne font pas attention aux autres. C'est assez triste. Je m'arrête devant la vitrine d'une boutique. Une tonnelle permet de m'abriter. J'ai oublié mon parapluie comme un idiot. Je soupire.  J'aperçois mon pâle reflet qui se dessine dans la vitre. Je suis vraiment trempé. Mon manteau commence à saturer d'eau. Il faut que je me dépêche de rentrer quelque part. Mais où pourrais-je aller ? Je ne connais personne dans les environs, tout compte fait je ne connais pas grand monde à Tokyo. J'habite à l'académie et mes parents ont toujours beaucoup voyagé ce qui fait que j'ai jamais vraiment d'attaches à un endroit. Ça me fait bizarre de me dire que j'ai pas pris l'avion depuis quatre mois. J'ai toujours été un grand voyageur, depuis tout petit je suivais mes parents dans leurs nombreux périples à travers le monde. Mais récemment, j'ai eu envie de me poser. Heureusement que cet école possédait un internat. Mais je sais que plus tard, je partirais sur les traces de mes parents pour voyager à travers le monde. Et puis en tant que compositeur, je risque d'être assez mobile. Je continue d'avancer dans les rues de la capitale nippone. J'évite les gens pressés avec agilité, cela en devient presque un jeu. Mais j'ai plus l'âge pour ces sottises. Je m'arrête, j'ai dépassé un salon de thé. Là-bas je pourrais m’abriter et me mettre au chaud. Je me retourne et reviens sur mes pas.
Le salon de thé est très girly, les tons sont très féminins. Mais bon, je suis sur qu'on va encore m'appeler Madame au lieu de Monsieur. Et puis la serveuse sera gênée et s'excusera.  C'est le quotidien de mon look particulier. Une jeune femme m’accueillit avec un mademoiselle. J'aurais du parier. Il n'y a plus de place, ça aussi je l'avais deviné. Elle me montra une table de libre avec une petite fille attablée. Je suis la serveuse qui m'installe. Je lui souris et reporte mon attention sur la fillette.
" Salut ! Tu m'as l'air trempé jusqu'aux os. Veux-tu que j'étende ton manteau prés du radiateur, comme le mien ? "
Je lui tends mon manteau et réponds :
" Je veux bien ! Il fait franchement moche, aujourd'hui. "
J'appelle la serveuse et lui commande un café au lait. Le thé ne me dit rien, et j'ai gardé de vieilles habitudes européennes. Je sors mon portable pour regarder l'heure et je le pose sur la table. Je repousse mes longs cheveux blonds qui commençaient à tomber sur mon visage. Puis je dis :
" Tu es bien jeune pour te promener seule, que fais-tu sans tes parents ? "