Shiho c’était levé seul. Pas dans le sens où il n’avait pas eu besoin d’un réveil, mais dans celui qui indiquait que personne n’était là lorsqu’il avait ouvert les yeux. Bien sur, ce n’était pas particulièrement étrange mais il avait une sainte horreur de la solitude, et ce n’était la présence d’un lit vide qui allait l’aider. Il s’était levé tout en pestant contre son camarade de chambre qui l’avait laissé là sans indication. Honnêtement, il ne savait pas ce qu’il devait faire depuis qu’il avait réussi à se lancer. Ce n’était pas comme si son emploi du temps l’empêchait de faire ce qu’il voulait, où qu’il avait rendez-vous avec quelqu’un. Non, vraiment.

Il aurait donc pu tarder dans son lit et ne rien faire de sa journée, comme il le faisait lorsqu’il vivait encore dans la maison familiale, mais non, ça n’avait plus le même attrait. Ce qu’il appréciait à l’époque, c’était que ses parents viennent le réveiller pour passer du temps avec lui. Il aimait être aimé. Peut importe de quelle manière on l’aimait d’ailleurs. Délicate, fourbe, violente, prétentieuse, maladroite, insistante. Bien que dans tout cela, le plus prétentieux et égoïste, c’était lui-même. Et il le savait.

Plus que les autres, il  était parfaitement conscient de son comportement, et il n’y voyait aucun problème. C’est exactement pour cela qu’il se plaisait à voir les autres l’aimer sans le connaître. Il s’en amusait tout doucement, sans le montrer. Le parfait petit salaud en soit, et le pire restait sûrement qu’il assumait parfaitement ce trait de caractère. Honnêtement, il ne serait pas lui même, il aurait certainement envie de s’envoyer paître, mais non.

Lorsque les autres ne le connaissaient pas, ils le prenaient pour une fille et étaient au petit soin pour lui, ce qui l’avantageait sérieusement dans sa quête d’affection. Et c’est sur cette pensée très malsaine qu’il était sorti, simplement vêtu. Il ne comptait pas vraiment aller en ville, vu qu’il n’aimait pas ça. La simple pensée de voir des filles en train de baver sur des posters géant de ses sempais en lui demandant - à lui ! - s’il ne les trouvait pas “ juste trop canon “ ne le passionnait pas du tout. Vraiment.

Par réflexe, il s’était dirigé vers la Shining Agency, sans vraiment se soucier d’être vu ou pas, vu que dans tous les cas, on ne le connaissait pas. Et admirez la rime dans cette phrase. Ceci mis à part, comme il n’avait pas de cours à suivre aujourd’hui, et qu’il n’avait rien à enregistré, il c’était dirigé vers la salle de détente, dans l’espoir d’y  trouver quelqu’un pour l’occuper le temps d’une journée.

Oh, bien sur, il fallait savoir comment trouver cette personne. Il aurait pu l’aborder directement, mais ça n’aurait pas été drôle. Il devait, aujourd’hui, jouer le rôle d’une araignée. Créer une toile que personne ne verrait avant que quelque chose ne tombe dedans. Il lui fallait être sournois, tout en n’en montrant aucun signe sur son visage. C’était malsain, et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de trouver ça jouissif. Il avait intérieurement hâte de savoir qui tomberait dans son piège. L’amour peut vous rendre totalement tordu.

La première personne à lui adresser la parole alors qu’il lisait un livre était l’un de ses sempais, venu simplement pour le saluer, et aucunement pour passer sa journée avec lui. Ce qui l’avait vexé. Vraiment. Alors il s’était accroupi, assis sur un fauteuil, sans ne rien faire en soupirant.

Shiho • Quelqu'uuuuun...