STORY
Sourd. Effréné. Puissant. Ecrasant. Trop sauvage pour sortir de la gorge, remuant les tripes jusqu’à les faire s’éclater, provoquant un véritablement tremblement ne pouvant s’exprimer que par des mains et de pieds féroces. Violent pour comme fracasser les corps, il cherche simplement à secouer les êtres. Leur faire ressentir cette terrifiante intensité dans laquelle est cachée une incroyable chaleur. Semblable à un battement titanesque agitant et apaisant les cœurs. D’aussi loin que je me souvienne, ce rythme a toujours été gravé en moi.
Battant sur le même temps que le cœur de celle qui me portait, je les entendais, les battements du cœur hurlant de mon papa. Frappant sur ces grosses caisses, les sons après avoir bravement franchis la paroi du ventre de ma maman se transformaient en étranges bourdonnements. D’abord cacophonie, ils devinrent doux et agréables.
J’ai toujours admire cet incroyable mastodonte qu’était la batterie de mon père, mais lui était encore plus impressionnant. Tel un dresseur de fauve il faisait rugir cette bête avant de la rendre à nouveau docile. Je sentais un frisson me parcourir le corps lorsqu’il attrapait ses baguettes, c’était le signale d’un nouveau spectacle grandiose. Je le regardais les étoiles pleins les yeux. Je ne voulais pas perdre une miette de ces concerts dont ma mère et moi étions les seules invitées. Alors, je l’observais scrupuleusement afin de grave chacun de ses gestes dans ma mémoire avec le secret espoir qu’un jour, je deviendrais une aussi grande dompteuse que lui. Ensuite je me mis à l’imiter. Parfois les amis de papa se joignaient à lui pour des « jam sessions », alors je les observais eux aussi très attentivement mais il m’était impossible de retenir tous ces mouvements de doigts… Ce n’est pourtant pas faute d’y avoir mis toute ma volonté… Et touchés par mes efforts d'enfant, ils m’apprirent tout ce qu’ils savaient de leur instrument.
Papa m’apprit à jouer et m’offrit ma première batterie à 8 ans. Buichi s’occupa de ma formation à la guitare à 11 ans, suivit de Goro et la basse à 12 ans. Au même moment, je débutais ma première année au collège. Désireuse d’entrer dans le club de musique, Fukuko hérita de la partie la plus difficile de ma formation de musicienne en m’inculquant les bases de lecture puis d’écriture d’une partition, avant de m’initier au piano à mes 15 ans. Je détestais ces fichus bouts de papier sur lesquels étaient gravés des notes sans vie ! Pourtant je devais maitriser cet aspect du musicien si je voulais jouer avec les autres. Jusque-là, j’avais toujours joué à l’oreille et à l’instinct alors je me sentais comme bridée lorsque je devais suivre l’ordre des notes à la lettre. Et puis je dois avouer que les chansons du club n’étaient à la base pas fameuse… A l’époque nous ne faisions que rejouer des musiques populaires, ah-ah.
Au lycée on faisait quelques reprises et écrivions quelques chansons gais, il y a avait une bonne ambiance. Les débutants étaient les bienvenus, je me faisais toujours une joie de leur apprendre tout ce que je savais !
Malheureusement mes explications étaient peu claires, j’étais beaucoup plus doué pour les exemples –grand rire- ! Je devais leur montrer lentement et plusieurs fois, la plupart des lycéens qui me connaissaient et m’avaient vus jouer étaient fascinés par ma façon de jouer, de même pour mes amis du club qui, je pense, n’avaient rien à envier de mon niveau en ce temps-là. Ils étaient également très impressionnés par mes connaissances musicales, mais encore une fois je n’avais aucun mérite. Je devais tout à mon père qui me fit découvrir les groupes japonais indé’ ainsi que d’autres bons groupes au niveau de la J-music, et plein de groupes et musiciens mythiques tout droit venu des States, des Royaume-Unis et des artistes d’autres contrées comme : AC/DC, les Beatles, The Who, Nirvana, Les Sex Pistols, The Baseballs, Franz Ferdinand, Red Hot Chili Peppers… Et c’était sans compter les collections de Buichi, Goro, Fukuko mais surtout celle de ma grand-mère paternelle, Holly. Cette sexagénaire originaire du pays du Coca-Cola m’a fait découvrir des perles des années 50 ! Franck Sinatra, James Brown, Louis Amstrong, Elvis Presley, Ray Charles, Bob Dylan, Aretha Franklin, et j’en passe ! Tant d’artiste dont mes camarades ignoraient l’existence.
Plus que d’impressionner mes amis, il était encore plus important d’être un exemple pour mon frère et ma sœur. Je prenais toujours du temps pour aider et guider ces deux musiciens en herbe quitte à rester éveiller une partie de la nuit ou à passer des heures à leur expliquer des passages sur lesquels ils bloquaient. J’aimais jouer avec eux. J’aimais jouer avec mon père. J’aimais jouer avec mes mentors. J’aimais jouer avec ma famille plus qu’avec les groupes que j’ai fréquenté au lycée.
Il y avait ce truc, cette étincelle, cette sensation indescriptible mélangeant joie intense, plénitude, excitation, passion et que sais-je encore ! Voilà ce que c’était de jouer avec ces gens qu’était ma famille. Ces sentiments nous les transmettions à ma mère qui immortalisait ses moments lorsqu’elle n’était pas prise de larmes.
J’ai commencé à jouer dans des cafés-concerts, des petites salles et le parc du château d’Osaka à l’âge de 16 ans. Pendant tout ce temps j’ai erré de groupe en groupe en espérant tomber sur celui qui saura à nouveau me procurer cette sensation en vain… Pseudo punk, métaleux, rockeur ou tout simplement pas assez intense pour moi… Je désespérais, je commençais à me dire que cette ère n’était faite que de chansons fades si pas pourries… J’étais lasse des remplacements de batteurs, bassistes, guitaristes, chanteurs ou chanteuses, je ne voulais plus jouer ou chanter pour des groupes qui ne me fassent pas vibrer ! J’en avais assez de ces types en costard qui venaient m’aborder pour me promettre de que de la poussière d'étoile dans les yeux ! Mais ce type qui m’aborda ce jour-là n’était pas pareil.
Il avait vu ma fougue, il avait senti ce hurlement sauvage qui ne pouvait s’exprimer que part ces mains et pieds battant frénétiquement la mesure! Mais également de la chaleur de ces battements. Il me donna sa carte. Je connaissais vaguement la Shining Agency, je savais qu’elle faisait partie des grandes maisons de l’industrie de la musique japonaise. De plus elle possédait une académie réputée ! Cela ne me dit pourtant pas plus que ça au départ et mon père ainsi que Goro et Buichi étaient très réticents au sujet de l’agence. Ils avaient peur qu’elle me colle une image qui ne me corresponde pas, que je perde de vue mon vrai moi. Par contre ma mère et Fukuko ne furent pas du même avis, elles y virent pour moi une opportunité de découvrir d’autres styles, d’autres gens, et c’est poussée par cette idée que j’intégrai la Shining Agency.
Je venais à peine de terminer le lycée, je ne connaissais rien de ce monde de paillette et lorsque l’on me colla à cette unit du nom de « J Project », je commençai à penser que mon père avait raison. C’était très loin de la musique et du rock des caves dont j’avais l’habitude. Je ne voulais cracher de la soupe à mon futur public ! Mais j’étais loin du compte… D’abord peu réceptive aux idées de l’agence et, de Junko et Juri avec qui nous formions le groupe, je me fis peu à peu à cette nouvelle façon de fonctionner et me surprise à me prendre au jeu. Voir le public vibrer au son de ma batterie me rendait heureuse, jouer avec mes deux compagnons se révéla être un véritable plaisir. Ce n’était pas du rock pur mais ça me rappelait mes années au club du lycée : bon enfant, très gai, un peu fouillis mais tout aussi bien. Malheureusement la formation éclata après deux ans d’existence seulement…
Juri à la guitare et au chant voulait plus de place, ce qui finit par provoquer son départ de du groupe ainsi que de l’agence. En colère et frustrée elle joignit alors l'agence concurrente, la Raging Entertaiment... Junko et moi avions donc continués à deux, Junko reprit les parties chants de Juri et nous tentions de pallier le manque de sa guitare comme nous le pouvions. Malheureusement le groupe était bien trop fragilisé et nous dûmes nous résoudre à dissoudre notre pauvre formation duo… Junko quitta le show-biz pour de bon… Je fus très touchée par ces événements, je pris cela comme un échec personnel. L’agence mis ma carrière en pause le temps de réfléchir à la direction à prendre... Je profitai de ce temps pour me ressourcer auprès des miens puis l'agence me recontacta pour de nouveaux projets. Je revins doucement par le biais de participations aux albums d’autres artistes de l’agence en tant que musicienne. J’ai ensuite participé à la production puis l’interprétation de divers ost, opening et ending d’animes, de dramas, de jeux vidéo et même de quelques films d’animation. J’ai également eu la chance de prêter ma voix à des personnages d’animes secondaires, d’interpréter quelques characters songs et d’apparaitre dans quelques spots publicitaires.
Aujourd’hui âgée de 23 ans, je reprends de plus en plus du poil de la bête ! Il est vrai qu’actuellement je pose plus que je ne chante ou joue, mais plutôt que de me morfondre là-dessus, je me concentre sur mes contrats actuels tout en restant bien décider à faire bouger les foules ! Et bien que je ne comprenne pas toujours les décisions de Mister Shining, j'ai décidé de faire confiance à cet homme farfelu jusqu'au bout!