Je suis normale. Une fille comme les autres, dans un monde ordinaire. La vie, avec moi, n'est ni clémente, ni cruelle. Seulement... banalement injuste. Il en est ainsi depuis la nuit des temps. Et jamais, jamais, cela ne changera. Je le sais. Vous le savez. C'est une vérité universelle. Mais, dans la pénombre qui recouvre ce monde, réside un éclat. Simple, intouchable. Éloigne. Il est là. L'espoir. Il est notre raison de vivre. Le « pourquoi » nous nous levons tous les jours, alors que vivre est futile. La main tendue vers l'avant, nous rêvons de frôler cet espoir. Qu'il nous donne la satisfaction d'avoir tant travaillé. Je rêve encore.

Une bouteille se brise. Tu te glisses hors de la pièce. Les cris aigus de ta mère t'agressent, bien qu'ils visent ton géniteur. Collé contre le mur voisin à la pièce, tu te laisses tomber à même le sol. Tu poses tes mains sur tes petites oreilles. Les rugissements de tes parents te glacent. Les voilà qui recommence. Quand cesseraient-ils ? Depuis bientôt cinq ans, ils menaient une guerre violente. Ce que tu ne comprenais pas, c'était la raison de ces disputes. Piégées dans cette folle famille, tu n'avais d'échappatoire qu'une passion, noble passion.

Hier, encore, tu avais entendu ta professeur de chant affirmer que tout son produit volontairement était de la musique. Pourtant, en écoutant le vacarme que tes parents causaient, tu n'éprouvais nulle joie. Tu finis par te lever, incapable de supporter la scène plus longtemps. Les pieds raclant le sol, tu rejoignis une petite pièce. Mur décrépis. Plafond blanc. Sol noir. Du carrelage. Comme le reste de la maison. Probablement pour dissimuler la crasse s'accumulant. Tu t'affalas sur ton lit, seul meuble compris dans ta chambre, avec un bureau. Là où aurait dû se trouver une porte, un trou béant. Ton père l'avait arraché un jour. Pour une mauvaise note, te sembles-tu. Enfin, mauvaise. Moins bonne qu'à l'accoutumée. Sans même avoir honte de son haleine puant l'alcool, il t'avait poursuivi. Tu n'avais eu d'autres choix que de te planquer sous ton lit, en espérant qu'il abandonne. La porte fermée à clé ne l'avait pas longtemps arrêté. Pas plus que ta cachette. Tu avais eu du mal à expliquer la raison de ces coups, à l'école, le lendemain.

Un père brutal et alcoolique. Une mère absente et superficielle. Une fille supportant la colère des deux. Quelle belle famille anglaise vous formiez.

Ta main glissa doucement vers ta poche. Dans celle-ci brillait un éclat invisible. Tu en sortis un papier. Une publicité pour la Saotome Academy. Tu te mordis la lèvre inférieure, hésitante. Une goutte de sang y perla. Tu ne prêtas guère attention à son goût cuivré. Tu n'avais d'yeux que pour cette feuille. De nombreuses fois, on t'avait complimenté pour ta voix, ta facilité à jouer avec. Depuis ta plus tendre enfance, chanter était un de tes rares plaisirs. Toutefois, tu n'étais pas sûre d'avoir le niveau nécessaire pour entrer dans cette prestigieuse académie. Tu avais des économies convenables, puisque tu ne dépensais rien, et la dissimulais à tes parents. Et, surtout, tu savais que tu pourrais compter sur l'aide de tes quelques amies, voire même de ta professeur elle-même, pour financer ce projet. Tu fermas les yeux. Tes doigts lâchèrent le papier, pour aller empoigner des écouteurs. Tu les relias à ton portable, si vieux qu'on se demandait comment il pouvait contenir de la musique. Les chansons déversèrent leurs habituelles notes réconfortantes. Ces dernières glissèrent, sans mal, jusqu'à ton cœur. Le réchauffant. Un maigre sourire illumina ton visage. Tu n'osas chanter, de peur que tes parents t'entendent. La cuisine et ta chambre étaient voisines, après tout. Tu rouvris les yeux, pour contempler la publicité. La lueur d'espoir contenu dans cette feuille colorée perça jusqu'à ton âme, faisant briller tes yeux.

Trop espérer amène souvent à la chute.
Trop hésiter réduit l'individu au regret.

Tu tendis ta main vers cette étincelle. Cette luciole. L'espoir d'un avenir. L'espoir d'une chanson capable de te sauver. Et tu refermas ta main dessus.

«Si tu essaies toujours d’être normal, tu ne sauras jamais à quel point tu pourrais être exceptionnel»

Voyez-vous la jeune fille, là-bas, dans le recoin sombre ? Son beau visage, que vous ne connaissez que souriant, est à présent noyé de larmes. Larmes provenant de son cœur. Cette pauvre créature n'a pas encore pu goûter à l'amour familial. Elle n'a eu, comme soutient de toujours, que la musique. Aujourd'hui et dans le futur, elle remerciera encore et encore sa professeur de chant pour l'avoir poussé dans cette voix. Faute d'avoir pu garder de lien avec les amies superficielles à qui elle servait de bouche-trou, elle s'est retrouvée seule, dans ce grand bâtiment qu'est l'académie. Seule, dans un pays qui n'est pas le sien. Bourreau du travail, elle avait passé des heures à apprendre, puis s’entraîner au japonais. Son accent anglais reste présent, mais elle n'a plus de difficulté à s'exprimer. De même, n'ayant rien à faire puisqu'elle n'a pas d'amie, elle utilise son temps libre pour réviser, ou s'entraîner au chant. Bien que n'étant pas particulièrement douée dans les études, si ce n'est dans quelques matières, son travail acharné lui permit de rejoindre l'académie sans trop de soucis.

Alyss, car c'est son petit prénom, est d'une timidité maladive. Timidité qui disparaît dès l'instant qu'elle chante, étrangement. Bien que pouvant paraître faible, elle possède une volonté impressionnante, et il est rare de la voir abandonner. Frôlant la phobie sociale, elle n'est pas à l'aise avec autrui, ou la foule. Elle possède une gentillesse rare, qui la pousse à aider quiconque, même un inconnu, quitte à en souffrir plus tard. Naturellement douée en chant, sa passion et seule liberté, il faut tout de même qu'on la pousse pour qu'elle ose exposer son talent latent.

Pour finir, cette fille, c'est une perle. Une jeune adolescente qui ne sait savourer la vie, que la chance a jusque-là évitée. Son manque d'assurance est dû à ses parents, qui depuis toujours, lui répète qu'elle ne sait rien faire. Qu'elle n'ait qu'une coquille vide. Une erreur. Les blessures de son cœur, celle qui saigne continuellement, ne pourront disparaître que dans l'amour et la joie, que, j'espère, elle trouva par le chant.

« Trop de fleurs s’épanouissent sans être vues. »

Regarde-toi, petite fleur. Ton visage est l'innocence même, d'une pureté que la colombe envierait. Tout en toi respire une douce fraîcheur. Tel un ange tombait du ciel, tu brilles de mille feux. Impossible pour toi de passer inaperçue, que tu le veuilles, ou non. Tes sourires éclairent d'espoir ton entourage. Merveilleuse petite fleur, à la peau blanche comme un nuage. Danses, bouge donc devant nos yeux émerveillaient, captivé. Satisfait notre désir palpable de tes gestes gracieux. Toi qui t'affirmes normale, tu vas lentement découvrir que ce n'est pas le cas. Comme la plupart de ceux embrasant la voix menant à la célébrité, tu as besoin d'un minimum de charisme. Si la description ci-dessus peut paraître exagérée, tu n'en reste pas moins que tu es adorable.

Vole, petit ange. Le ciel n'est pas réservé à ceux pourvus d'ailes. Tu as, pour les remplacer, une voix douce, claire, aux intonations cristallines. C'est un plaisir que de l'entendre évoluer dans les aigus, jouant aisément avec les notes. Lorsque tu chantes, ton sourire se fait large, et ta timidité s’évanouit. Tu peux ainsi pleinement t'épanouir dans cette noble passion qu'est la tienne. Tu peux, toutefois, à la surprise de beaucoup, pousser tes chants dans un style beaucoup plus rock, et vibrer d'une énergie folle. Tout ce don tu as besoin, c'est qu'on l'on te donne ta chance. Que l'on te pousse vers l'avant. Que l'on croit en toi.

Tes cheveux sont d'un beau rose pâle, ondulant ainsi jusqu'à tes hanches. Ils semblent doués de vie, suivant tes mouvements et affinant ta silhouette. Ton corps est, par ailleurs, d'une délicatesse agréable. Tu sembles faites pour porter des habits moulant, ou des robes, dans un style adorable qui te correspond tant. Tu as de grands yeux d'un bleu profond, semblable à la mer des caraïbes. Ces derniers sont le plus souvent braqués vers le bas, sur tes pieds, tandis que tes joues rougissent. En effet, étant excessivement timide, tu évites de regarder autrui dans les yeux. Tu as de petites mains fines, de petites oreilles qui rosissent facilement, une petite bouille légèrement arrondie. Quant à ta taille, tu atteins en ce jour le mètre 60, ce qui te rend petite vis-à-vis des autres.

Épanouis-toi, petite fleur. Entrouvre tes pétales au monde, montre aux gens ta beauté enfermée.