QUÊTE ★

« Eh bien, eh bien Miss Jigoku. Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici ? Dois-je vous rappeler qu’ici, dans cette académie, tous les cours sont obligatoires. Oui, oui, tous les cours, même ceux de sport. En devenant élève ici, vous vous êtes engagé à vous donner à fond, quelque soit la matière ? Vous avez une bonne excuse ? Cela ne m’intéresse pas. »

Shining Saotome ricane, comme à son habitude, emplissant le bureau à la décoration excentrique de son rire rauque. Cela dures plusieurs seconds, peut-être même plusieurs minutes. Soudain, il reprend son sérieux, brutalement. Le silence retombe. Il te fixe à travers ses lunettes de soleil, les sourcils froncés, l’air pensif.

« Miss Jigoku… »

Il est un peu effrayant quand même, surtout quand il ne fait pas le pitre. Quand il délire, il fait déjà peur, avec ses poses étranges et sa voix qui porte loin, mais lorsqu’il est contrarié… Mieux vaut ne pas y penser ! Pas étonnant que la plupart des élèves cherchent à éviter son bureau.

« Je vais devoir vous imposer une sanction, malheureusement. »

Il claqua des doigts, un rictus au coin des lèvres. Tsukimiya Ringo, le professeur principal et accessoirement travesti de la Classe A, s’approcha à petit pas, perché sur ses escarpins rouges. Sa longue perruque rose ondulait sur ses épaules. Même de si près, on a du mal à croire que c’est un homme, n’est-ce pas ?  Dans ses mains, un seau, une serpillère et un balais. Il te les tend, un large sourire affiché sur son visage.

« Je crois savoir que les vestiaires du gymnase ont grand besoin d’un petit coup de ménage. Je compte sur vous, Miss Jigoku ! »

MÉNAGE MÉNAGE ! ★

« Eh bien, eh bien Miss Jigoku. Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici ? Dois-je vous rappeler qu’ici, dans cette académie, tous les cours sont obligatoires. Oui, oui, tous les cours, même ceux de sport. En devenant élève ici, vous vous êtes engagé à vous donner à fond, quelque soit la matière ? Vous avez une bonne excuse ? Cela ne m’intéresse pas. »

Elle n'en revenait pas. Bouche bée, elle regardait le directeur lui énoncé sa punition. Elle n'avait guère pu se justifier, il la coupait à chaque fois qu'elle tentait de prendre la parole. Elle était donc restée là, l'air ahuri, en se demandant que pouvait bien être cette fameuse sanction. Pourtant, une unique expression d'arrogance était dessinée sur son visage. Elle croisait les bras, et l'esquisse d'un sourire était présente sur son visage de porcelaine. Ses yeux argentés brillaient d'une lueur défis, et elle poussait des soupirs insolents à chaque fois qu'il terminait ses phrases. Elle n'avait aucune raison d'être ici, et même si c'était le proviseur de cet établissement, son tempérament rebelle était bien présent. Tout de même, quelle étrange pièce ! Diverses couleurs flashy et du bling-bling à tout-va. Elle plissait les yeux, et fit une petite moue. Cet homme avait très mauvais goût, et puis, il n'y avait qu'à voir sa tenue, consternant.

« Miss Jigoku… »

Elle le regarda à nouveau droit dans les yeux. Il semblait imposant, et d'une colère certaine. Elle ouvrit quelques instants la bouche, il est vrai que cet homme était grand. Et avait de larges épaules. Mais elle se résigna, et reprit son air insolent. Il ne pouvait rien lui faire, et elle en avait déjà maté des plus coriaces que lui. Ses cheveux blonds emmêlés lui donnaient l'air d'une Jouvencelle, mais ses iris argentés lançaient des éclairs.

« Je vais devoir vous imposer une sanction, malheureusement. »

Qu'il la lui impose ! Elle n'en avait strictement rien à faire. Elle poussa de nouveau un soupir, et tenta de faire une de ces bouilles à faire s'adoucir même le plus cruel des brigands. Mais cette technique ne semblait pas marcher sur le principal. Qu'importe, au moins elle aura essayé. D'un naturel colérique, elle voulait hurler qu'elle avait une bonne raison d'avoir raté ce cours ! Mais pour une fois, elle se ravisa. D'habitude, elle dit tout sans réfléchir. Mais cet acte puéril pourrait lui valoir un renvoi pur et dur. Alors, elle secoua la tête et fit semblant d'être désolé. Un enfant ment extrêmement bien, et elle ne fait pas exception à la règle. Une jeune femme les regardait, sans doute était-ce elle qui allait lui donner cette sanction. Elle ne la connaissait pas, du moins, que de nom, elle n'était pas son professeur, même si elle savait comme beaucoup de gens qu'un homme se cachait derrière ces escarpins et cette robe.

« Je crois savoir que les vestiaires du gymnase ont grand besoin d’un petit coup de ménage. Je compte sur vous, Miss Jigoku ! »

Elle secoua la tête, elle s'en doutait. Une mission comme celle-ci inutile et étrange. Cet établissement n'était pas réputé comme étant un asile à fou pour rien. Elle battit des mains joyeusement, et hocha la tête en riant. Elle se voulait insolente. Elle repartit toute joyeuse, après tout, cela pouvait tout à fait être amusant. Elle alla rapidement chercher des balais, un seau et des chiffons. Elle repartit ensuite vers le gymnase et ce qu'elle vit lui fit froid dans le dos. Une abominable odeur de sueur s'en dégagé, et de la crasse était présente de partout. Elle cligna plusieurs fois des yeux, mais se retroussa les manches !

« Ils vont voit ce qu'ils vont voir ! Ce sera tellement propre qu'ils pourront s'admirer sur le parquet ! »

Elle renversa l'eau savonneuse et se mit à frotter de toutes ses forces. Elle grattait la crasse, et aspergeait la salle de « pshit pshit qui sent bon ». Une fois le sol frotté, elle passa aux murs. L'ambiance sombre qui s'était installée disparu peu à peu pour ne laisser qu'une odeur de propre et une atmosphère chaleureuse. Les bancs retrouvaient leurs couleurs d'origines, le parquet brillait de mille feux, et la lumière passait enfin à travers les vitres. Elle s'essuya le front. Trois heures. Trois heures à tout nettoyer, à tout astiquer. Elle était fière d'elle. Et se mit à danser joyeusement dans les vestiaires. Elle tira un peu la langue, à coup sûr, elle allait avoir une récompense !