Non pas que sa pratique instrumentale serait particulièrement notée lors du prochain examen. Ce n'était pas non plus la saison ou les concours fusaient et ou la moindre petite erreur de sonorité risquait d'avoir des retombées désastreuses sur sa personne. Et d'abord Miyakozuka Gou ne participait même plus à ce genre de compétitions mais ce n'était pas vraiment ce qui la chagrinait alors qu'elle grinçais des dents contre la douleur diffuse qui irradiait dans sa précieuse main gauche. Elle glissa les yeux sur l’étui de sa contrebasse et s'interdit même de penser à son alto qui reposait pas très loin. De toutes façons ses instruments envahissaient une bonne partie de la chambre double, au damne de sa colocataire, mais Gou n'envisageait pas de les laisser hors de sa vue. Ils étaient bien trop précieux. Et puis elle aimait assez l'idée de pouvoir se pencher dessus n'importe quand. Surtout depuis qu'elle avait acquis une contrebasse électrique pour les besoin de sa nouvelle section. Outre le fait que c'était moins lourd et encombrant que son original – dont elle préférait sans comparaison possible le son – cette dernière offrait une sonorité qui correspondait plus à ce que le nouveau public qu'elle cherchait à atteindre, voulait entendre.

Quoi qu'il en soit , ce n'était pas vraiment le problème.

Ses yeux orageux se posèrent finalement sur Himuro-elle-ne-savais-plus-trop-quoi. Le pire c'était peut-être encore de lire clairement dans ses yeux qu'il pensait pouvoir s'en tirer avec sa mine de chiot battu. Mais la petite diva ne l'entendait pas de cette oreille. Parce que l'accident en question aurait pu avoir des répercussions désastreuses sur son avenir. Le fait que par chance ce ne soit pas le cs, n'excusait pas tout. Ils étaient dans une école qui regroupait des artistes par centaine. Ce genre de comportement était clairement réprouvé.

« – Il me semble que la plupart des société civilisées tiennent pour acquis qu'il est fermement dangereux de courir dans les escaliers. À reculons qui plus est. À fortiori quand on se trouve dans un lieux ou la moindre partie du corps peut rapidement devenir un handicap... »

Naturellement, elle pouvait parfaitement saisir le choc de l'autre quand on pensais que Gou jouissait toujours d'une réputation d'adorable petit ange. Parce qu'elle était facilement admirable et parce que outre son aspect physique elle avait rapidement sus mettre les autres d'accord sur le fait qu'elle avait parfaitement sa place parmi les élèves les plus respectable. Parce qu'elle avait ce sourire ravissant et doux qui flottait sur le visage et que c'était la première fois que Himuro était confronté à ce regard glacial et ce ton qui était sans appel.

Évidemment ce changement radical de comportement entre le moment ou il l'avait raccompagnée et celui ou ils se trouvaient enfin seuls le crispa ; et évidemment, ça harassa Gou. Elle fit claquer sa langue contre son palais quand il bégaya quelque chose qui ressemblait à un vague « malencontreux accident...ferai plus...désolé...pardon...honte.. » et ça ne la consolât pas non plus de le congédier d'un geste dédaigneux de la tête.

Elle grimaça cependant en dépliant lentement ses doigts. La foulure était présente , douloureuse, et porteuse d'une sale nouvelle. À sa voir qu'elle pouvait abandonner l'idée de toucher un instrument pour une bonne grosse semaine. Comme si c'était possible . Les conseils la faisait parfois franchement rire. La douleur physique n'était pas grand chose à côté de la sensation terrible d'être totalement amputée d'une partie d'elle-même. C'était peut-être parce qu'elle avait pour habitude de s'exerçait entre cinq et huit heure par jour ( habitude largement encouragée par son éducation de conservatoire ) mais la perspective de ne pas pouvoir toucher son instrument l'angoissait terriblement.

De sa main valide elle fouilla dans le tiroir de sa table de nuit pour en sortir un spray froid sensé soulager les foulures et une bande élastique pour maintenir le poignet et la main blessée. Et puis elle remarqua l'heure déjà avancée de l'après-midi. Un grognement mécontent lui échappa alors qu'elle se rendais compte qu'elle n'aurait jamais la possibilité d'être à l'heure à son rendez-vous.

Il y avait un certain nombre de changement avant de pouvoir arriver sur la ligne d'Asakusa et même si la ligne était bien desservie elle était carrément bondée à cette heure-ci et il était préférable de passer par Ueno plutôt que de chercher désespérément à prendre la ligne directe. Mais naturellement ça faisait un sacré détour.

Elle enfonça ses jambes et son slim marine dans ses docs fourrées et enfila un vague manteau beaucoup trop large par dessus son pull à grosses mailles. De toutes façon lui aussi semblait immense pour elle. Pas qu'elle aie le choix en vérité. Elle enfonça son portable et son porte feuille dans les grandes poches de sa veste et remonta négligemment ses grosses lunettes sur son nez quittant le campus d'un pas preste et visiblement décidé. Elle avait horreur d'être en retard. Vraiment horreur.

Elle ne connaissait pas vraiment la personne qui l'avait contactée, un journal local, et elle avait accepté plus par curiosité qu'autre chose. La raison pour laquelle elle avait été choisie pour l'article restait tout aussi vague dans sa tête elle ne s'était pas franchement illustrée depuis qu'elle avait repris sa scolarité dans le cursus Idole. Alors elle supposait que c'était quelqu'un qui s'était intéressé à sa carrière dans la musique classique ; peut-être à tors. Elle n'avait plus grand chose à dire à ce sujet que la presse n'aie pas déjà dit à l'époque.

Ligne Ginza. Arrêt 18, Tawaramachi. Ligne Ginza, Tawaramachi.

Gou fit de son mieux pour éviter de pester contre la voix métallique de l'automate qui annonçais les stations. Elle se prépara déjà à sortir à la prochaine station, Asakusa. Et puis déjà , pourquoi est-ce que le rendez-vous devait être aussi loin ? Elle se propulsa tant bien que mal hors du métro et chercha dans sa poche le petit papier sur lequel était écrit le nom et l'adresse du salon de thé ou devait avoir lieu la rencontre avec le journaliste. Avec un soupire elle se pressa vers la sortie de la gare et s'engouffra dans les rues du quartier. Le vent emmêla ses cheveux et elle décida que ça n'avait pas d'importance.

Elle poussa la porte de la boutique, le nez et les pommettes rougies par le froid. L'air un peu hagard, légèrement essoufflée par son excès de zèle. Elle chercha des yeux une personne qui pourrait sembler impatiente. Après tout elle avait biens dix minutes de retard. Un signe de bras attira son attention et elle se dirigea maladroitement vers le jeune inconnu. Il n'avait pas l'air bien plus vieux qu'elle et ça la perturba un peu.

« – Mishiwa ...Kaoru-san? »

Elle hésita un peu en lisant son papier, pas certaine de la prononciation des Kanji qui s'y trouvaient.

« – Je suis Miyakozuka Gou, enchantée! » Elle s'inclina une première fois, puis une seconde, plus profondément. «  Veuillez pardonnez mon retard! »

Il balaya ses excuse d'un sourire entendu et l'invita à s'asseoir à ses côté. Alors Gou avait hoché la tête, positivement et remit le papier dans sa poche. Enlever son manteau s'avéra être plus problématique qu'elle avait imaginé et elle grimaça de douleur quand l'étoffe – lourde – reposa et tira sur sa main blessée. À ce rythme elle serai vraiment obligée d'aller voir le médecin scolaire. Et ça ne l'enchantais pas. Non qu'elle aie quelque chose à lui reprocher, lui de là, mais elle devrai se plier à son diagnostique et ne pas jouer du tout. Et ça : c'était hors de question. Elle ramena sa main bandée contre son abdomen pendant qu'elle s'asseyait consciencieusement et attrapa la plaquette de présentation de sa main droite.

« – J'avais prévu de partir beaucoup plus tôt, mais il y à eu un accident dans les escaliers tout à l'heure . »

Elle justifia en montrant sa blessure avec un sourire accablé. Et accablée, elle l'était. Finalement elle se décida à prendre un thé au pétales de cerisier fumés et un Yatsuhachi à la vapeur. C'était assez rare de trouver des salons de thé qui proposaient encore des pâtisseries japonaises traditionnelles. Et pourtant elle les préférées à celles souvent trop chargée et écœurante qu'avaient importé les occidentaux. Pas qu'elle aie à s'en plaindre était elle même métissée. Gou attendis patiemment que son locuteur aie fait sa demande avant de se tourner totalement vers lui. Elle remonta une nouvelle fois ses grosses lunettes sur son nez et plissa ce dernier pour retenir un éternuement qui n'aurait pas été le bienvenu dans la situation.

Maintenant qu'elle était à même de voir correctement elle se permit de détailler son locuteur plus qu'elle n'avait eu l'occasion de le faire plus avant. Gou avait un certain nombre de défauts mais elle avait un grand sens de l’esthétique et aussi vrai qu'elle plaisait généralement beaucoup, ce garçon là devait avoir un succès certain avec les femmes. Un visage clair, symétrique, une peau somme toute très pâle, une taille impressionnante, un corps élancé comme celui des modèles qu'on voyais sur les panneaux publicitaire à shinjuku. C'était un bel homme et il était fort à parier que les années passants ne feraient qu'appuyer cette dangereuse vérité. Elle plissa légèrement les yeux devant la blondeur de ses cheveux, tout dorés, tout miel et pas cendrés comme elle avait eu le malheur de les avoir et diable que c'était ridicule de concevoir une jalousie sur ce point à l'égard de quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas.

Machinalement elle ramassa la totalité de ses cheveux contre le côté droit de sa nuque et les tressa rapidement, de façon négligée et totalement aléatoire, pour qu'ils arrêtent de l'embêter en embuant sa vue qui n'était déjà pas au meilleur de sa force depuis qu'elle avait eu l'idée de passer six heure sur ses partition dans une semi-obscurité et sans lunettes. Cependant ce n'était pas encore cette constatation de sa beauté ou de sa blondeur qui lui fit clairement comprendre qu'elle n'était sans doutes pas là pour les raisons qu'elle avait cru.

« – C'est peut-être une erreur de ma part, mais je n'ai pas l'impression que vous êtes là pour le prix de Rome ou encore pour parler contrebasse...ce n'est pas du tout ma carrière dans le classique qui m'as faite venir ici, n'est-ce pas ? »

Elle avait demandé tout en regardant la fumée s'échapper de sa tasse de thé et qu'elle ignorait avec un calme qui trahissait l'habitude le regard malveillant de la serveuse. Ce n'était quand même pas sa faute si le journaliste du jour était diablement beau et qu'elle était l'invité, n'en déplaise à l'autre pimbêche. Elle la remercia plus sèchement que nécessaire quand elle lui porta son Wagashi. Il n'était pas non plus dans son habitude de se faire malmener par le personnel de salle.

Objectivement elle ne voyait pas trop ce qu'on pouvais vouloir à une étudiante anonyme comme elle. Ce n'était certainement pas pour parler de ses bons résultats, et même si elle avait fait quelques apparition dans des jeux télévisés à la demande de son cursus, réalisés quelques shooting pour des marques secondaire , mais purement tokyoïte elle doutait être particulièrement connue. Elle n'avait rien de vraiment intéressant à raconter , et sans doutes personne à qui le dire pour l'heure. Mabuchi disait qu'il aimait beaucoup ce qu'elle faisait, mais Mabuchi ça ne comptait pas. Parce qu'il était un ancien de sa classe de composition et qu'il était principalement intéressé par le fait que peut-être elle accepterai de devenir sa chanteuse attitrée pour le reste de l'année. Gou avait beaucoup de respect pour Mabuchi mais elle ne pensais pas que ses compositions avaient le font nécessaire pur la porter au plus haut. Rendu à ce niveau elle préférait encore être son propre compositeur. Elle était certaine d'être plus efficace de cette façon et sur le long terme surtout.

Elle serra ses doigts autour de sa tasse de thé et poussa un soupire d'aise. Il faisait encore sérieusement froid pour la saison. Elle espérait qu'elle pourrai rentrer avant les heures de pointes, elle ne supportait pas d'être écrasée par les autres. Elle vivait plutôt mal ce genre de situation, sans doutes des restes de son enfance mitigée au quatre coins de l'europe.

« – Qu'attendez-vous de moi ? Je veux dire, il y à des étudiants vraiment très connus dans mon école, ils seraient sans doutes plus à même de remplir un article, d'attirer les ventes qu'une illustre inconnue, non? »

Une moue vaguement inquiète sur le visage. Gou n'aimait pas être incapable de contrôler sa vie. Elle avait peur que cette entrevue échappe à son contrôle et pour le pire. Peut-être à tors. Elle ne savait pas. Elle était inquiète. Vraiment. Et elle était sure que cela se sentait.

«  – Pour « ça » quoi ? On ne m'as pas posé de questions sur ma vie depuis que je me suis retirée des compétitions et que j'ai rendu mon archet. C'était publique qui plus est. Je ..je ne compose plus non plus. Je n'ai plus envie de parler de ça et d'ailleurs il n'y à rien à en dire. »

Alors pourquoi ? Parce que ça ne pouvais vraiment pas être pour des raisons aussi futiles que de remuer le couteau dans la plaie. Non pas qu'elle doute de la cruauté des médias. Elle avait été presque entièrement éduquée par ces derniers et elle savait exactement le genre de vautours qu'ils pouvaient être. Mais son dernier échec en date remonté à loin maintenant et elle avait été couronnée de succès par la réussite de l'audition de fin d'année l'an précédent et le fait encore que l'artiste avec lequel elle s'était lié pendant sa scolarité aie intégré le milieux professionnel. Elle secoua la tête et s'interdit formellement de penser à l'artiste en question. Non que l'idée de laisser ses pensées converger vers lui la dérange particulièrement, mais surtout que ce n'était pas forcément le moment idéal pour se perdre dans des rêveries. D'autant que , honnêtement , elle avait un peu l'impression que l'autre en face, se payait un peu sa tête. Il était évasif tournait autour du pot, elle avait horreur que les gens la prenne pour une bourrique. Parce qu'elle n'en était pas une. Elle était tout sauf ça. Elle n'avait peut-être jamais compris les principes fondamentaux de la physique quantique, mais elle avait été sacrée parmi les violonistes les plus talentueux du monde à l'age de sept ans et demi. Et des clapets, elle en avait fait fermer. Et des importants en plus. Ce n'étais certainement pas ce blanc bec sorti de nulles part qui allait faire la différence.

Elle éternua une nouvelle fois, rejeta sa tresse dans son dos, batailla avec sa franche grossièrement coupée et croqua dans sa pâtisserie. C'était une chance, que les gens la trouvent aussi physiquement attrayante parce qu'elle ne faisait pas grand chose pour. Honnêtement. Elle ne soignait pas vraiment son son style et en dehors des séances photo elle avait tendance à ne pas se coiffer ni se maquiller du tout. Elle nageait dans des fringues trop larges pour elle, associant tout et n'importe quoi pourvu que ce soit pratique, quant à ses cheveux elle les avait coupés elle même un jours qu'ils l'agaçaient. Malgré tout elle gardait ce charme naïf et dérangeant qu'on les jeunes enfant ou les poupées de porcelaine. Elle était vraiment jolie, classique dans la symétrie de ses traits et ça la rendait excusable de tous les crimes contre la mode qu'elle pouvait commettre dans son grand désintérêt.

Jeunes talents prometteurs. Est-ce que ça voulais seulement dire quelque chose ? Elle était plus que prometteuse et elle avait déjà fait ses preuves plusieurs fois, mais elle avait la nette conviction que lui n'en savait rien. Peut-être parce qu'elle ne discutait pas tant de sa vie privée et que les rares journaux avoir fait coulé de l'encre à son sujet étaient européens, ou encore trop spécialisés pour que la jeunesse lambda ne s'y attarde. Et c'était peut-être pour le mieux d'ailleurs. Elle n'avait pas envie d'être à nouveau victime de la célébrité de ses parents. Il regardait ses questions , elle parfois, et elle se demanda si elle avait quelque chose sur le visage. Certainement pas. Il sorti un enregistreur. Qu'il fasse à sa convenance, pour ce qu'il pourrait apprendre. Gou n'était pas du genre à se laisser happer et de se laisser aller à des erreurs de jugement dans ce genre de situation.

«  – Faites donc, je suis toute à vous.  »